BIJOUX (Temps modernes)

BIJOUX (Temps modernes)
BIJOUX (Temps modernes)

L’histoire du bijou moderne commence au XVIIe siècle, au moment où le développement de la taille du diamant introduit une nouvelle technique qui influe sur la forme des bijoux et la façon de les porter. Au début du XVIIe siècle, les tailles du diamant en «rose» ou en «table» sont les seules connues, et elles sont associées à l’or ou à l’argent émaillé dans la joaillerie.

La taille des diamants va s’améliorer au cours du XVIIe siècle, grâce notamment aux encouragements de Mazarin. C’est ainsi qu’est mise au point la taille en seize, qui se perfectionnera à la fin du siècle pour aboutir aux fameuses tailles à trente-deux facettes. Cette amélioration de la taille permet de profiter des qualités de réfraction du diamant; dès lors, la joaillerie va supplanter, pendant près d’un siècle, la bijouterie d’or. Ce goût des grands pour le diamant va cependant être frustré par la rareté de la pierre et les difficultés de son approvisionnement. Jusqu’au début du XVIIIe siècle, le diamant provient de l’Inde. La découverte des mines du Brésil en 1723 va renforcer l’engouement pour la joaillerie, au détriment des autres techniques, d’autres matériaux. Les dessins publiés par Gilles Légaré au XVIIe siècle nous montrent la façon dont ces pierres étaient agrémentées. Associé aux rubis, aux saphirs et le plus souvent aux émeraudes, le diamant est monté sur fond de métal. Les pierres sont disposées pour former des nœuds, des boucles d’oreille à trois pendeloques. Au début du XVIIIe siècle, les formes très rocaille en argent doré sont rehaussées de pierres de couleur: rubis, topaze, péridot; à la fin du siècle le chrysobéryl, jaune pâle, semble s’imposer avant d’être détrôné à son tour par une mode plus naturaliste qui dessinera des broches comme des bouquets multicolores.

La Révolution est peu propice aux arts de la bijouterie et de la joaillerie. Lorsque les bijoux réapparaissent, ils sont en or léger, orné de petites perles de rivière et de filets d’émail entourant des plaques de cornaline ou de pierres dures. La joaillerie s’impose à nouveau avec les fastes de la cour napoléonienne. Que ce soit pour le couronnement, son mariage ou dans sa cassette personnelle, chacune des impératrices se doit de posséder une parure de diamants, une autre de perles, d’autres de turquoises, de rubis, de saphirs ou d’émeraudes.

Au XIXe siècle, la bijouterie l’emporte sur la joaillerie. Cette dernière ne se porte que le soir à la lumière des bougies, tandis que l’or et les émaux sont mis en valeur par la lumière du jour. Dès la Restauration, de nouvelles techniques sont découvertes: le cannetille (fil d’or enroulé); le grainetis (granulation sur demi-sphères); l’or tricoté, qui permet de réaliser d’importantes parures ornées de fleurs d’or émaillé. L’émail opaque, les demi-perles, le corail, les citrines, les améthystes ont les faveurs de la mode féminine. Avec le mouvement romantique qui apparaît dans les années 1840, les bijoux de François-Désiré Froment-Meurice, des frères Fannières, de Wagner et de Rudolphi s’ornent de figures chevaleresques, de gentes dames, de jeunes pages empruntés aux romans qui restituent les personnages du Moyen Âge. Les bijoutiers et les orfèvres retrouvent des techniques oubliées: le niellage, le damasquinage, les émaux peints ou champlevés. Sous le second Empire, l’éclectisme envahit les arts décoratifs; tous les siècles passés sont source d’inspiration, mais également les civilisations lointaines: la Chine et ses émaux cloisonnés repris par les Falize, le Moyen-Orient et enfin l’Antiquité inspirent Eugène Fontenay. Dans la joaillerie, Oscar Massin crée des parures, des diadèmes, des ornements de corsage naturalistes où figurent, mélangées ou uniques, les fleurs des jardins et des champs.

De cette multiplicité des sources d’inspiration allait surgir dans les dernières années du siècle, un style vraiment original, l’Art nouveau, qui a su combiner tous les apports des siècles passés, mais aussi le sens de la nature et du décor que possédaient les artistes japonais que l’Europe venait de découvrir grâce aux estampes japonaises. La femme, les fleurs, les plantes, les insectes, les oiseaux et d’autres animaux se retrouvent dans les bijoux de René Lalique, de Henri Vever, de Georges Fouquet, de Lucien Gaillard. L’or, l’émail translucide à jour, des pierres jusqu’alors dédaignées, comme l’opale ou la pierre de lune, concourent à la réalisation de ces bijoux fantastiques et précieux.

L’Art nouveau est de courte durée, les changements s’accélèrent au XXe siècle, et dans les années 1920 apparaît une bijouterie proche de la joaillerie, utilisant l’émail opaque, les pierres de couleur opposées aux pierres transparentes dans de grandes masses géométriques. Le naturalisme ne reviendra que dans les années 1940 avec des bijoux en or et pierres de couleur aux formes florales, humaines, animales. Dans les années 1950 apparaissent de grands joailliers comme Jean Schlumberger ou Fulco di Verdura qui, proches de la richesse des matériaux et de l’imagination de la Renaissance, recréent dans leurs bijoux un monde onirique inspiré par le surréalisme. Grâce à l’intérêt de certains artistes pour le bijou — Dalí, Braque, Calder, Laurens — et à l’influence scandinave se crée dans les années 1960 tout un courant de bijoutiers-créateurs qui développent une bijouterie très personnelle. Ces nouveaux bijoutiers s’appellent Jean Vendôme, Costanza, Jean Filhos. Ces créateurs ont fait école, et une génération de plus en plus prometteuse est apparue: Henri Gargat, Gilles Joneman.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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